Merci Nikopik pour ta réponse.
Je vais passer le premier point car je ne suis pas assez informée mais je vais m’y atteler dès que j’ai du temps.
Si tu me permet de débattre avec toi, voici mon analyse :
« Je pense que la loi est inutile car elle n’a pas réussi à remplir sa mission : faire baiser les téléchargements illégaux et favoriser les solutions légales. »
Contrairement à ce que tu penses, nous avons pu constater depuis plusieurs mois chiffres à l’appui (que je n’ai pas sous la main) que le nombre de téléchargement illégal a très sensiblement baissé et que les ventes digitales légales ont elles augmentées. Le rapporte n’est pas exactement le même entre les 2 mais de ce fait je ne trouve pas que la loi soit inefficace.
« De plus, l’Hadopi ne protège que les intérêts des producteurs, et non pas des artistes, qui eux ne touchent quasiment rien sur les ventes numériques »
Sur ce point, je suis bien placée pour te répondre précisément. J’ai lu attentivement l’article du lien que tu m’as suggéré. Il se base sur le fait que selon lui « Ils (les artistes) touchent un cachet une fois lors de l’enregistrement, et ne touchent plus rien après (…) Ils abandonnent tous leurs droits numériques, car hélas ils ne sont pas en position de force face aux producteurs. »
Il est important de faire la différence entre 3 types d’artistes pour le ças qui nous intéresse.
-Il y a les interprètes simples pour qui il existe également 2 cas de figure que je détaillerai plus bas
-les artistes interprètes et/ou auteur et/ou compositeur et enfin
-les auteurs et les compositeurs non interprètes.
Pour les interprètes simples, il y a 2 cas de figure. Certains en effet se voient proposer un cachet pour l’enregistrement et une cession de droits en général dérisoire pour l’exploitation sous toutes ses formes et sans limites de leur voix. Ces artistes là à la rigueur ne sont pas touchés par le téléchargement illégal, que la musique soit piratée ou non, ça ne changera rien à leur paye. Pour l’anecdote il m’arrive parfois de signer une cession de droit totale misérable et il est vrai que je n’encourage pas mes fans et mon entourage à l’acheter puisque je ne gagne rien dessus. Là c’est les producteurs qui agissent de façon abusive on est bien d’accord. Un jour peut être on arrivera à se rebeller contre ce système. Mais ce n’est pas la majorité des artistes interprètes, loin de là.
L’autre type d’artiste interprête simple sont des chanteurs qui n’ont ni écrit ni composé les chansons mais qui ont signé un contrat d’artiste global avec une maison de disque et un producteur (ex Shym, les chanteurs de comédies musicales etc). Dans ce cas l’artiste perçoit des royalties sur un % sur les ventes d’album/single. Cet artiste n’est jamais payé lors des promos, en partant de l’idée que l’acte de promo va entraîner (pas toujours) des ventes ce qui permettra de faire vivre l’artiste. Dans ce cas là, cas que j’ai connu également, si le cd ne se vend pas, je ne gagne pas d’argent.
Reste (certes comme beaucoup aiment le dire) les concerts pour vivre et gagner sa vie, je pense que tous les artistes aimeraient être sur scène sauf que si tu ne vends pas de disque, aucun tourneur ne prendra le risque de mettre un artiste sur scène. Logique en même temps.
Tout est donc lié : pas de cd vendu, pas de concerts. Il y a bien sûr de rares exceptions mais je vous parle de la majorité des cas.
En ce qui concerne les artistes auteurs compositeurs uniquement, eux dépendent exclusivement des ventes de cd. Ils ne touchent jamais de royalties mais sont rémunérés par la sacem qui reverse des droits en fonction des nombre de vente. Pas de vente, presque pas de Sacem.
Tout ce que je viens de te décrire c’est notre réalité. Nous sommes dépendants des ventes de nos oeuvres. Les voler ne nous apportent absolument rien. L’exemple de l’éditeur de BD est un cas isolé qui ne peut pas être adapté aux artistes musicaux.
Concernant tes idées de propositions et la licence globale, je n’ai pas encore assez étudié la question mais je peux te dire que la notoriété acquises GRACE aux téléchargement illégaux est une utopie. Aucun tourneur ne voudra prendre le risque de produire un concert sur un chiffre de piratage. En effet comment avoir la certitude que le public achètera une place de concert si déjà les gens n’achètent pas une chanson qui coute 1€? A noter que les places de concerts sont de plus en plus chères pour répercuter sur les non ventes de cd. C’est le serpent qui se mort la queue. D’ailleurs de plus en plus de maison de disque se mettent à la production 360 afin de pouvoir rattraper les fruits de la scène qu’elle a perdu sur les disques.
Je suis complètement d’accord avec toi pour réfléchir à proposer un objet ayant une vraie valeur ajoutée, que le plaisir d’acheter un cd soit réel. Mais c’est toujours le même problème, une maison de disque n’investira pas à faire un beau cd qui coûte plus cher en fabrication à un jeune artiste qui n’est pas sûr de vendre ses disques.
Le sujet n’est vraiment pas aussi simple que tout le monde le pense, en même temps les artistes parlent peu de leur réalité et de leur difficultés. En ce qui me concerne, j’essaie de sensibiliser mon public pour qu’il comprenne que si ça continue je risque de quitter ce métier que j’aime tant car je ne peux plus en vivre…. C’est notre réalité, que les pirates ne ressentent pas de l’autre côte de leur ordinateur.